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Thatcher – Lamotte : un rendez-vous manqué ?

Daily-Mirror-front-page--Thatcher-dies-1820712Il y a quelques jours, Maggie Thatcher s’est éteinte, victime d’une crise cardiaque, à 87 ans. J’avoue avoir eu, moi aussi, un pincement au coeur, en apprenant la nouvelle. Après avoir annulé tous mes TD de la journée, et consulté mon cardiologue, je retournai courageusement à ma tâche quotidienne d’intellectuel, au comptoir du Balto, mais je n’en trouvai pas la force. Déprimé, sourdement nostalgique, je ne parvenais pas à trouver de goût à rien, ni à ma lecture, ni à mon picon-bière. Alors, comme j’en ai l’habitude dans ce genre de moments, je repris la lecture des archives de Georges-Guy Lamotte.

A la fin des années 1980, on s’en souvient, Lamotte a abandonné toute volonté de réussir en politique, et préfère se consacrer aux affaires. Il entretient notamment des contacts réguliers avec la Grande-Bretagne, où se trouvent plusieurs clients de Lamotte conseil, la société qu’il a fondée avec Bernard Tapie. Or, un beau jour de 1986, son journal fait état d’une rencontre avec celle qui est alors Premier ministre du Royaume Uni, dans un bureau d’un parlementaire tory, Jeffrey Archer. Lamotte, visiblement peu impressionné par son interlocutrice, se contente de remarquer « son tailleur de mauvais goût » et « sa permanente ridicule ».

Plus tard, cependant, on trouve dans les écrits de Lamotte plusieurs références nettement plus élogieuses à l’égard de la « dame de fer ». C’est le cas notamment lorsqu’il entreprend, avec des difficultés certaines, de remettre sur pied une mine de charbon en Lorraine. Il note par exemple, le 23 mai 1989 :

Ces attardés de syndicalistes ne comprennent rien à rien. Il va falloir y aller à la schlague, comme l’épicière de Downing Street.

Plus tard encore, lorsqu’il se met à l’écriture de son grand-oeuvre (Le grand-père et la mulâtresse), plusieurs brouillons indiquent que le personnage de « la vieille poissonnière » est directement inspirée de Margaret Thatcher.

Rust-in-peace-via-AFPMais finalement, c’est peut-être dans le Collectisme que l’on doit chercher les proximités intellectuelles les plus évidentes entre Lamotte et Thatcher. Amour du prochain, mais sans excès ; condamnation de la lutte des classes, au profit d’une société pacifiée ; sauvegarde des intérêts nationaux qui doit prendre le pas sur le « pacifisme béat » ; soutien à la création artistique innovante (rock, ska, punk) : tout y est. Collectisme et thatchérisme ne sont, en définitive, que les deux faces d’une même médaille.

Une fois cette importante découverte faite, je compris les raisons de ma tristesse et de mon hébétude : la mort de Thatcher a été, en un sens, la 2e mort de Lamotte. Raison de plus (s’il en fallait encore) pour lire et relire mon dernier ouvrage, au moment où Maggie va rejoindre GGL au panthéon des grands politiques.

 

 

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