Thierry Roland : un décès exemplaire

Cela fait longtemps que je n’ai pas publié un article sur l’actualité sportive, à tel point que mes amis s’interrogent: suis-je toujours aussi passionné de sport? Je les rassure: oui. J’ai même un peu le temps, entre de multiples invitations à la télévision, à la radio ou dans les cabinets ministériels, de regarder quelques rencontres de l’Euro de football – dont le faible niveau m’atterre quelque peu, tout en me consolant d’avoir vu ma candidature au poste de sélectionneur repoussée.

C’est donc avec une immense tristesse que j’ai appris le décès de Thierry Roland, commentateur historique des matchs des Bleus, ce matin au réveil. «Il a regardé le match de l’équipe de France et puis il s’est endormi et il a fait un AVC vers 3 heures du matin. Les médecins ont essayé de le réanimer et Thierry n’est jamais reparti», m’a personnellement assuré Jacques Vendroux, en me précisant qu’il lui avait encore parlé la veille.

Thierry Roland, âgé de 74 ans, était pourtant encore jeune et dans la force de l’âge. Son départ précipité est donc un choc pour la plupart d’entre nous. Néanmoins, je crois qu’il ne faut pas céder à l’émotion irréfléchie, que je laisse aux jeunes femmes. Même en de tels moment, il s’agit de tirer quelques enseignements de l’évènement, fut-il regrettable.

En effet, je note que Thierry Roland, par son décès, nous donne un exemple à méditer, et à imiter, sur deux points.

En premier lieu, le fait qu’il soit mort alors même qu’il était toujours très actif, commentateur régulier de l’équipe de France à 74 ans, à un âge où beaucoup préfèrent profiter d’une oisiveté coupable payée par les cotisations de retraite de courageux travailleurs. Du reste, seul un accident du travail (un calcul rénal provoqué, sans doute, par un excès de bière) lui avait interdit de commenter l’actuel championnat d’Europe. Je crois pouvoir dire que, si les nonchalants grecs suivaient son exemple, leurs problèmes de financement des retraites seraient rapidement réglés.

En second lieu, Thierry Roland a su mener, parallèlement à son activité de journaliste, une brillante carrière d’intellectuel. Ses ouvrages sur la civilisation africaine, notamment, ses remarques toujours pertinentes sur le fossé culturel – à combler – entre nord et sud nous manqueront. En cela, il me fait penser à Georges-Guy Lamotte: lui aussi a poursuivi sa carrière de penseur jusqu’au tombeau, lui aussi a connu les affres de la maladie qui a privé la France d’un phare dans la nuit, d’un guide dans la tempête.

Je me permets donc de dire, au nom du peuple français:

Salut, Thierry!

PS: je sais qu’en ce moment difficile, c’est avant tout à la famille qu’il faut penser. Je tiens donc à présenter des condoléances toutes particulières à sa petite-fille (ou nièce? je ne sais plus) Sonia Roland. Si elle se sent seule, si elle a besoin d’une épaule secourable, qu’elle sache que je suis là: elle peut m’envoyer un mail quand elle le voudra.

2 Commentaires

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2 réponses à “Thierry Roland : un décès exemplaire

  1. Citizen Kohn.

    Exemplaire, l’adjectif l’est ! Pour une raison supplémentaire
    qu’il appartient au législateur d’éradiquer enfin : le particularisme
    insupportable du patronyme-prénom ! Qui sont-ils, ces Janus,
    qui nous abusent infiniment, à l’exemple justement, de ce Thierry
    ou de ce Roland ? Le courage politique personnifié que vous incarnez
    ne va pas s’abriter derrière un sentimentalisme de circonstance,
    au moins ? Nous donnerez-vous plutôt les Roland Garros ( ! )
    et les Thierry Lafronde que nous méritons ?

    • J’ai toujours trouvé, comme vous, que l’onomastique devrait être réformée, pour des raisons de lisibilité et d’honnêteté intellectuelle. Je pense en particulier aux confusions que peuvent entraîner des noms comme « Michel Noir », « Christian Blanc » ou « Noémie Lenoir ».

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